• NDDL : position de la Fédération anarchiste

    Á Notre-Dame-Des-Landes, la lutte continue

     

     Dans le bocage de Notre-Dame-Des-Landes, les occupants et occupantes de la ZAD (Zone à défendre), depuis presque 5 ans pour certains, avaient déjà donné un visage particulier à la lutte contre le projet d'aéroport et contre le monde qu’il représente. Au-delà des analyses sur les répercussions écologiques et les dommages sociaux du projet, au delà de la contestation d'une forme d'aménagement du territoire et d'une manière de décider (l'autoritarisme déguisé en une pseudo démocratie), c'est une leçon du vivre ensemble qui se construit sur ces terres. Là, a été adoptée une forme de vie autogestionnaire. Elle est basée sur des assemblées générales souveraines, et donc, la prise de décision est collective pour tous les aspects de la lutte comme pour la gestion du quotidien (production et partage de nourriture, habitat, moyens de transport, culture...).

     Cet îlot de résistances et de vie autrement a été considéré par le Pouvoir (politique et économique) comme une alternative potentiellement subversive, à plus large échelle, un « kyste », pour le Ministre de l'Intérieur. C'est ce qui explique le déploiement hallucinant de forces de l'ordre pour qui tout doit disparaître et le plus vite possible. Elles n’ont pas rechigné à la violence et n’ont pas hésité à détruire des lieux de vie ainsi que des biens (vélos, lits...) des habitants.

     Les Zadistes (terme générique recouvrant de multiples individualités aux visions diverses) ont su tisser des liens avec leurs voisins et construire un réseau de personnes concernées alentour. Aussi, dès que la répression a commencé, la résistance s'est organisée et a bénéficié de soutiens de plus en plus larges. La détermination des Zadistes face aux forces de l'ordre et le modèle alternatif qu’ils montrent ont séduit, bien au-delà des clivages politiques actuels.

     Malgré certaines manœuvres, les partis politiques n'ont pas de prise sur ces personnes et ils n’apparaissent qu’en renfort. Le gouvernement tente toujours - en vain - de séparer les bons opposants des méchants « anarcho autonomes », « spécialistes de la guérilla urbaine »... Alors que, de fait, l'ensemble des contestataires fait front commun.

     Le succès de la manifestation du 17 octobre en témoigne. Au-delà du nombre (plus de 30 000 manifestants), c'est la créativité de l’événement qui a marqué : nombreux panneaux de personnages aux messages poético-politiques, innombrables chansons et slogans conçus pour l'occasion. Surtout, il y a eut la construction collective, en autogestion, des maisons et abris en bois et pailles.

     Le fonctionnement autogestionnaire mis en place par les Zadistes bouleverse la donne politique. Nous rencontrons de plus en plus de personnes, initialement méfiantes quant aux capacités autogestionnaires des humains, qui reconsidèrent leur point de vue. Elles s'enthousiasment même pour cette forme de vie collective, respectueuse de l'individualité, dans laquelle chacun participe selon ses moyens et envies.

     De fait, les collectifs de soutien se sont multipliés dans toute la France, et même au-delà, chacun prenant des initiatives autonomes, sans attendre les consignes d'un centre quelconque. La ZAD, par son mode d'existence et sa résistance, a transfiguré les conditions de la lutte. Ceux qui se battaient isolés dans leur coin voient affluer, de partout, de nombreux soutiens.

     Même au-delà des soutiens actifs, une bonne partie de la population qui ne suit que de loin ce qui se passe, sympathise avec cette lutte. En effet, la destruction de terres agricoles, de bocages, et surtout les partenariats public- privé qui illustrent parfaitement l'entourloupe capitaliste permettant au privé d’obtenir des profits alors que la prise en charge des pertes est assurée par les collectivités publiques, ont de plus en plus de mal à passer dans l'opinion publique.

     Le combat autogestionnaire à la ZAD avec l'entraide qui y est développée montre que l’on peut coordonner des activités, assurer une certaine justice sans avoir recours à l’État.

     La répression policière et gendarmesque menée par l'Etat, pour défendre les intérêts du groupe privé Vinci, constructeur et concessionnaire de l'aéroport, confirme, s'il était besoin, le slogan « gendarmerie et police nationales = milices du Capital ».

     Le premier Ministre de l'État français, J-M Ayrault a pu déclarer « Nous ne nous laisserons donc pas dicter une vision du monde qui n'est pas la nôtre »… moyen de dire qu’il voudrait nous dicter la sienne ! De fait, nous ne partageons pas la même vision du monde. Nous ne voulons pas du monde de l'exploitation et du profit, de la destruction de la nature et des animaux. Nous voulons construire un monde sans hiérarchies, basé sur l'entraide où il fait bon vivre.

     La Fédération anarchiste dénonce, évidemment, la violence étatique et soutient l'opposition à l'aéroport, telle qu'elle est engagée par la ZAD et ses soutiens. Utilisant tous ses réseaux (ses groupes de militants, sa radio, sa presse), la Fédération anarchiste appuie pleinement la lutte en cours et se fera toujours l'écho des alternatives autogestionnaires mises en place ici, à la ZAD, et partout ailleurs, en France et dans le monde.

     La Fédération anarchiste appelle à rejoindre la lutte sur le terrain, à participer partout aux initiatives de soutien ou à en créer là où il n'y en a pas encore.

     

    Secrétariat aux Relations extérieures de la Fédération anarchiste.  


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